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Histoires partielles et partiales
13 juillet 2009

Oiseau de nuit.

Il y a quelques années, j’ai eu une période où je disposais de beaucoup de temps. Les circonstances professionnelles m’ont permis d’avoir pour ainsi dire la moitié de la semaine libre. En effet, ma chef ne venait jamais travailler les vendredis ; elle m’avait demandé d’être discret à ce sujet. En contrepartie, je pouvais prendre un jour dans la semaine.
La réalité, c’est que dès que venaient les beaux jours, j’étais également très souvent absent les vendredis. C’est à cette poque que je fis cette rencontre surprenante d’une jeune femme qui m’avait acheté ma télé d’occasion.
J’habitais à ce moment-la près de la porte de Bagnolet et elle à l’autre extrémité : Boulogne-Billancourt. Environ une heure de trajet.
Elle m’avait invité à passer la voir chez elle une fin de jeudi après-midi. C’était une jeune femme maigre qui ne mangeait pas ; par contre elle fumait énormément et buvait pas mal aussi. N’étant vraiment ni l’un l’autre, j’ai un peu bu pour l’accompagner durant ce qui allait devenir une « longue visite ».
Après une dépression sentimentale, elle avait arrêté son travail depuis de longs mois ; elle travaillait dans le domaine juridique mais rêvait de pouvoir exprimer ses envies artistiques.
En entrant chez elle, je fus tout de suite mis dans l’ambiance : grand 2 pièces mais avec les volets baissés en plein jour. Musique de la chanteuse Barbara. Fumée épaisse et tenue BCBG.
Elle venait d’une grande famille industrielle, assez riche avec des principes : déjeuner familial le midi en semaine….
Je savourais cette ambiance en curieux, complétant ce que je pourrais appeler l’ethnologie des jeunes femmes et des milieux sociologiques différents.
Arrivé ce jeudi vers 17h, nous devions être aux environs de 21H et je commençais à avoir un peu faim. Le même CD de Barbara tournait en boucle depuis mon arrivée et il n’était pas question d’en changer.
Comme à son habitude, le frigo était vide et je dus trouver dans un fond de cuisine ce qui constituait sa nourriture habituelle : du pain et du fromage avec une recette spéciale. Couper une tartine de pain, déposer une mince tranche de gruyère dessus et mettre le tout quelques secondes au micro-onde. Bien régler la durée, ce qui permet au passage d’admirer la transformation d’un morceau de gruyère à la vitesse grand V.
Bien que je lui aie proposé de sortir, elle n’en avait pas envie. En fait, comme une chouette, c’était un oiseau de nuit. Je me souviens maintenant qu’elle se parfumait abondamment à Opium de YSL. Essayez d’imaginer ce que l’odeur de ce parfum, déjà forte, peut donner conjuguée avec une épaisse fumée.
Pour l’instant, la nouveauté l’emportait sur ma gêne.
Un peu avant l’aube, nous décidâmes de nous endormir, en éteignant le CD qui passait de façon lancinante en boucle (je me souviens d’un disque triste sur le mal de vivre etc. qui était le sien aussi). J’eus envie de lui faire l’amour. Quelle ne fut ma surprise lorsqu’elle alla chercher une serviette éponge. Je ne lui demandais pas d’explication, mais je compris ce qu’était vraiment une femme-fontaine. Je pensais que c’était un mythe.
2ème jour. Réveillé le lendemain en plein milieu du vendredi après- midi. J’ai un peu faim, elle se contente juste d’avaleur ses multiples cafés et de grignoter son pain-gruyère. Je lui propose de sortir prendre l’air, elle ne veut pas. Je lui dis que j’ai faim. Je pars donc chercher quelques trucs à manger pour le midi pensant que ce soir je serais parti ou que l’on se baladerait tous les deux.
Hé bien non, et pourtant, je ne m’ennuyais pas ; elle aimait bien bavarder, moi aussi et toujours ces volets baissés complètement.
Et ce vendredi soir j’avais faim, faim, faim.
Il fallut attendre 2h du mat’ pour qu’elle accepte enfin de sortir mais pas n’importe où. Elle voulut aller dans un bar de grand hôtel de la tour de la porte Maillot. On prit sa voiture, mais elle ne voulait pas conduire (un homme ne se fait pas conduire par une femme) ; en outre, même pour 100m, pas question de marcher.
Le bar était particulier : installé comme un amphithéâtre, les tables étaient disposées en gradins avec une superbe vue sur le centre de Paris. Étrange atmosphère. Nous consommâmes moults alccol avec quelques toasts. Quelques heures après, ayant grand faim malgré les quelques trucs grignotés au bar, je lui proposais de manger vraiment. Je savais qu’il y avait quelque chose d’ouvert 24H/24 sur les Champs. On s’y rendit. J’avais tellement faim que je commandais une choucroute. Il devait être 4h du matin ; on rencontre des gens bizarres à cette heure-là. Je me souviens notamment d’un couple qui dégustait un superbe plateau de fruits de mers ; à côté d’eux, leur très gros chien, un bobtail (c’est un chien très grand avec beaucoup de poil) : et ils lui donnèrent pratiquement toutes leurs langoustines.
Enfin rentré chez elle, j’étais crevé ; il a fallu se retaper un peu de Barbara et beaucoup de fumée, mêlé à Opium.
3ème jour : On s’endormit quelque temps après. Je fus réveillé vers 9h le samedi matin ; elle dormait profondément.
Je me résolus à m’habiller discrètement et à partir en catimini de chez elle Lorsque je sortis de son appartement, mes yeux furent éblouis ; je n’avais pas vu le jour depuis jeudi 17H.
Je rentrais chez moi et pris une longue douche pour émerger.

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Commentaires
A
Oui, j'aime fréquemment ne rien manger. Cela me procure une sorte de bien-être. On souffre un peu mais il suffit de boire, de prendre un bon bain et de lire ou de se balader.<br /> En général, je n'aime pas manger beaucoup.
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A
"Façon de positiver : une diète involontaire fait du bien au niveau santé."
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