Souffler n'est pas jouer.
J’étais tranquillement attablé à une terrasse dans Paris, en train de manger un tartare de bœuf. Tout en discutant, j’en profitais pour regarder les gens qui passent. A pied, en vélo. La vie quoi ! Avec ses aspects vraiment attachants de gens en week-end ou en vacances et qui, à cette heure, ne sont dehors que pour leur plaisir.
Tandis que passait sur l’écran de télé de la brasserie la chaîne MCM Pop et qu’une musique que je connaissais résonnait avec bonheur dans mes oreilles (j’en profitais pour noter le titre dont je ne me souvenais plus), une jeune femme arrive en vélo et vient presque se coller contre nous sur le bord de la terrasse. Essoufflée, elle arrête son vélib. Ses seins se gonflent et se dégonflent tandis qu’elle reprend son souffle.
Alors qu’elle enfourche encore son vélo, elle plonge avec difficulté la main dans la poche étroite de son jean et en ressort son iphone. Apparemment, on vient de l’appeler ou de lui envoyer un texto ; elle semble angoissée. Et bientôt, je ne sais plus, qui de l’essoufflement ou de l’angoisse, vient rougir et défaire à vue d’œil son visage.
Comme elle ne parle pas, tout est dans l’expression de son visage. Soudain le rictus se fait plus heurté ; elle sourit mais c’est un rire presque jaune et angoissé. J’ai comme l’impression qu’elle se rend à un rendez-vous important pour elle et qu’un événement imprévu le complique. De là, on peut tout imaginer. Il y a certainement quelque chose d’affectif à ce moment. Elle tape un texto ; sa respiration bat à nouveau plus lentement. Elle ne desserre pas les dents et repart sur son vélo, tout en manquant de tomber. Et, sans doute sortis de sa poche quand elle a pris son iphone, s’envolent à mes pieds un mouchoir orange et vert et un ticket de retrait de distributeur de banque : 40 euros samedi 14 août 10h42.