Body double
Figurez-vous qu’il m’est arrivé une folle histoire le mois dernier. Je me trouvais dans l’Ouest de la France lorsqu’un soir de semaine, je fis une bien curieuse rencontre.
Je me suis trouvé face avec moi-même. N’allez pas imaginer qu’il s’agit d'une introspection psychanalytique. J’avais en chair et en os mon double devant moi. Même visage, même voix. Un style de vêtements différents mais les mêmes mimiques, les mêmes gestuelles.
Je lui adressai la parole et le touchai pour m’assurer que je ne rêvai pas. Je me trouvais en face de mon sosie. Je savais qu’il devait y avoir plusieurs sosies de moi-même dans le monde, mais de là à me trouver en la présence d’un de ceux-ci…
Autant j’étais serein, autant il avait l’air agité et préoccupé. Il me raconta qu’il rentrait de Paris pour affaires et allait rejoindre sa famille. Nous étions autant interloqués l’un et l’autre si bien que nous dinâmes tous les deux dans un restaurant de cette petite ville.
N’ayant pas prévu de rester aussi tard, je passais la nuit dans un hôtel où lui-même avait choisi de dormir.
Quelle ne fut pas surprise lorsqu’au petit matin, je fus réveillé par un homme qui semblait me connaître et se proposait de m’aider à charger mes valises.
« Je n’ai pas de valises, j’ai juste un sac de voyage » lui dis-je.
Il sourit et pris les valises qui se trouvaient dans ma chambre.
En m’appelant par le prénom de mon sosie, je compris qu’il me confondait avec celui que j’avais rencontré hier soir. C’est ce que je lui dis. Il rit de plus belle et m’expliqua que j’avais une sale tête et que je semblais à moitié dans les vaps ; ce qui était vrai puisque nous avions bu beaucoup de vin.
Mon sosie avait disparu ; le reste de mes vêtements également.
Etant dans un sale état, je me résolus à suivre le chauffeur de mon sosie. J’arrivai bientôt au château qui constituait la demeure de la famille. Je fis connaissance avec la famille de mon sosie (mère, femme, fille, frère, belle-sœur etc.). Et, tout comme le chauffeur, ceux-ci me prenaient pour mon sosie ; j’étais de plus en plus éberlué.
Je me dis alors : « Jouons le jeu quelques jours pour m’amuser et après je leur dirai tout ».
Ce ne fut pas chose facile. Ma « femme » étant sur le point d’accoucher, je n’eus pas la difficulté d’être trop intime avec elle. Par contre, je découvris les avances de ma belle-sœur etc. Et je dus jouer d’agilité pour dialoguer avec ma « mère ».
Bien que je n’eus pas le même caractère que mon sosie, personne ne s’aperçût de cet échange. Je fus amené à prendre des décisions importantes à l’inverse de mon sosie.
La suite fut du même acabit.
Vous vous dites que j’ai rêvé. Je vous assure que je n’ai pas rêvé, que tout ce que je vous raconte est la réalité. Je ne mens pas, je n’affabule pas.
J’ai juste omis un petit détail. Lorsque je parle à la 1ère personne, je le fais à la place du personnage d’un des derniers livres que j’ai lu. Ce livre s’appelle « Le bouc émissaire » ; il a été écrit par Daphné du Maurier.
Achetez-le si vous voulez connaître la suite. J’ai adoré l’ambiance et, comme tous les romans de l’auteur, on trouve beaucoup d’intrigues au cours du récit. Ce n’est que dans les toutes dernières pages que l’on a la clé de l’énigme.
C'est ma participation au concours "Daphné du Maurier" lancé par Océane sur son blog
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